Un an après le début du génocide à Gaza, le capitalisme fossile n’est jamais paru à ce point enchassé dans la logique imprériale occidentale, dont Israël apparaît comme le pivot dans la région du Proche-Oroent. C’est la thèse défendue par l’essayiste suédois Andreas Malm dans la retranscription d’une conférence prononcée en avril 2024 à l’université américaine de Beyrouth. La dynamique que l’auteur décrit prend racine en 1840, loirs de la victoire de la Royal Navy britannique à Arce [Akkā], où sont déployés pour la première fois des navires à vapeur dans une opération militaire. Son objectif ? Soumettre l’Égypte du pacha Méhémet Ali au libre-échange et trouver de nouveaux débouchés aux productions textiles de l'empire britannique. Après sa victoire, la Grande-Bretagne encouragera l'installation de populations juives en Palestine afin de sécuriser ses intérêts et ouvrira la voie à l’extractivisme qui façonne aujourd’hui la région. L’auteur considère que si le génoicide à Gaza montre qu l'exploitation écocidaire et l’oppression coloniale convergent dans une logique impitoyable et profondément dévastatrice, il met aussi brutalement en lumière l’indolence globale du monde occidental : « Dans la catastrophe climatique, les vies des multitudes non blanches des pays du Sud ne comptent pas. Elles sont sacrifiables, sans valeur. »
– Clément Quintard, Journaliste, cofondateur de Fracas Media.